Face Au Mur – Martin Crimp – Collectif du Vague Locataire

Temps neutre. Lieu neutre.
On entre, les comédiennes sont déjà sur scènes. On gagne sa place sous leur regard calme et bienveillant. C’est un peu intimidant quand même. On se dépêche…

Une fois que la salle a trouvé un certain calme, quelque chose se passe. Un changement physique, les mouvements parasites disparaissent, ça va commencer.

La scène est crue, simple, mais libre : quelques bandes blanches dessinent un espace, une pièce. Un néon jette une lumière cruelle, loin des douces lumières chaudes d’un théâtre qui effacent les défauts.

La pièce, se déroule, sollicitant beaucoup le spectateur qui doit projeter, comprendre, interpréter. On ne lui gavera pas d’histoire toute établie avec une morale imposée. Il construira lui même son histoire, sa morale, ses conclusions. (je vous conseil de ne pas lire l’histoire que j’ai perçue et d’y aller avec un regard vierge)

La pièce se découpe en trois parties, qu’on peut choisir de relier, ou pas. J’y ai vu l’histoire d’une famille. Même si, lorsque j’y repense maintenant, certains éléments ne collent plus, c’est l’histoire d’un couple qui ne va pas très bien, parce qu’ils ont un enfant trop vite. Le père assassinera des enfants dans une école. Sordide assassinat dans lequel il trouveront une forme de renaissance rendant leur couple apparemment plus serein. Mais ce germe de violence va se propager et retomber sur leur fils. Cette histoire étant contée par plusieurs voix dans la tête du narrateur.

Sordide ? Oui, un peu. Mais on projette énormément et on construit soi même, bien qu’une violence imprègne le texte.

Même si le texte est brillant, et je soupçonne l’auteur d’être un chimiste, tant certaines parties ont pu résonner profondément en moi. Ces voix dans la tête qu’on est incapable de faire taire, l’innocence de l’enfance perdu, la violence pure, simple, sans raison, sans explication…

La mise en scène est très minimaliste, mais très propre. Drôle, inquiétante, perturbante… Le regard du spectateur ne se perd jamais, il est toujours guidé vers le point de concentration, sans perte, sans égarrement.

Même avec cette impression de mise en scène forte, l’interprétation est excellente. On voit vraiment les comédiennes réagir les une aux autres, toujours en restant sincère, et dans l’instant.

Il y a également quelques moments de silence délicieux qu’on savoure. Il est rare de voir un quelconque spectacle qui fasse de si jolis silences. Pas de déplacement, pas de paroles, juste une émotion qui se déroule. Un peu comme les différents goûts d’un macaron Pierre Hermé.

Cette anecdote culinaire hors de propos me fait signe qu’il est temps de finir ce billet.

Allez-y, c’est vraiment bien ! Pas forcément très accessible, mais si vous êtes prêt à voir autre chose que du convenu, c’est au théâtre Pixel que ça se passe !

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