Pomablog

Petite revue de l’actualité plus ou moins récente de la publicité, avec au programme, devenezvousmeme.com, aujourd’hui je l’ai fait, et rocher suchard.

Tout d’abord, j’avais envie de vous parler de la campagne de recrutement dans l’armée de terre, que vous n’avez sans doute pas manqué de remarquer dans le métro. Dans des tons camouflages vert-marron un visage se dessine, et l’armée vous propose de consulter le site devenezvousmeme.com (je ne mets pas de lien, pour ne pas que vous vous sentiez obligés d’aller sur le site… Ca me ferait mal de promouvoir la mort par hémorragie suite à l’impact d’un éclat de sharpnel dans votre artère fémorale sur le sol de Kaboul auprès de mes lecteurs, ou encore le soutient cynique de dictateurs aux pratiques peu démocratiques en Afrique).

Comme vous pouvez le voir, j’ai été assez amusé du fait que par cette habile pirouette, nos très chers communicants pour l’armée de terre se sont affranchis de choisir la couleur de peau de leur modèle. Je trouve la passade assez habile, car dans ce climat de débat d’identité nationale, d’islamophobie, et autres relents nauséabonds, il aurait été très risqué de choisir une couleur de peau. Mettre un blanc ? Les autres couleurs de peau auraient associé armée et nationalisme, clamant le racisme de l’armée. Un noir ? On aurait accusé l’armée de stigmatiser les populations noires en supposant que leur réussite professionnelle est inférieure, et qu’ils souhaitent bien évidemment recruter des pauvres peu éduqués. Mettre des physiques types arabes ? On les aurait accusé d’hypocrisie : recruter des arabes pour aller tuer d’autres arabes ? La publicité aurait été raillée en prétendant qu’ils ont mis les victimes et pas les recrues sur l’affiche.

Alors certes, les traits des personnages laissent imaginer une certaine appartenance ethnique, mais elle ne ressort pas comme étant au centre de la publicité. Je salue donc cette habileté de communication, et la finesse du choix. On peut tout fois objecter  qu’ils auraient pu choisir de mettre plusieurs soldats de couleur de peau différentes, mais faire figurer tous les stigmatisés sur une affiche relève de l’impossible (un noir, un arabe, une femme, un handicapé, un homosexuel, un séropositif…).

Profitant de cette campagne, un parasite est venu faire son coup médiatique. Assez vite, la campagne de publicité pour le jeux vidéo Battle Field Bad Company 2 a affiché sur ses affiches un bandeau rappelant celui de l’armée de terre, renvoyant vers le site devenezplusquevousmeme.com

L’armée a du taper du poing sur la table, car après deux semaines d’affichage, le site devenezplusquevousmeme.com avait disparus, ainsi que les bandeaux jaunes sur l’affiche. Peut-être qu’ils ont envoyé une équipe de bérets verts, et qu’avec un couteau sous la gorge, les publicitaires ont volontiers proposé spontanément de changer radicalement la stratégie de leur campagne de publicité.

Peut-être avez vous remarqué ces publicités qui couvrent le métro : des visages extatiques, avec en simple légende « aujourd’hui je l’ai fait », parfois agrémenté d’un complément « et j’y pense encore », « avec un ami », ou encore « et c’était très fort ». Cette technique commerciale, appelée teasing, consiste à stimuler la curiosité du pigeon client afin qu’il s’intéresse de lui même au produit.

En regardant la couleur orangée de la publicité, certains internautes ont pensé à la banque ING direct qui utilise un orange très identifiable pour ses communications. Ils ont également comparé l’adresse ip du site aujourdhuijelaifait.com et celui d’ING direct : les deux étaient identiques. Le secret était éventré. Vous pourrez aller voir sur le site d’ING direct, on vous propose d’ouvrir un livret d’épargne. Chapeau bas aux detectives ! Désormais, le site aujourdhuijelaifait.com annonce la couleur, et ils avaient effectivement raison.

Pour finir, voilà une publicité complètement ratée :

L’utilisation de l’expression Dieu merci est tout à fait inadaptée. Je la trouve légèrement déplacée, comme si elle ne s’adressait pas aux athées. D’autre part, elle est blasphématoire. Invoquer le nom de Dieu pour pousser au pécher de gourmandise et à la dépense inutile n’est pas très pertinent. Cherchaient-ils à sacraliser le rocher ? Non, ils cherchaient simplement à introduire un vocabulaire pieux pour promouvoir leur lieu éphémère du pécher : 8 jours de pécher (8 by Suchard). Cependant, cela reste assez pauvre comme référence et comme finesse intellectuelle.

D’autre part, l’expression « on peut encore montrer un rocher nu » suggère que notre société évolue vers un puritanisme exacerbé, et qu’après s’être vautrée dans le pécher, elle prend un envol vertueux et pudique, alors qu’au contraire, notre société n’a jamais été aussi exhibitionniste et vulgaire.

Je trouve donc le titre particulièrement mal trouvé. La composition graphique est tout à fait banale, voir ratée car il y a une disproportion entre le texte, le rocher et la bande contenant le logo est assez inhomogène. (edit : je faisais référence aux affiches vue sur les abris bus. Les affiches du métro sont bien mieux construites)

Boycottez les rochers, ça leur apprendra !

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Cette entrée a été publiée le Mercredi 10 mars 2010 à 16 h 50 min, et rangée dans Billet. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via son flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un rétrolien depuis votre site.