Naviguation

- Tiens, salut Jean ! Qu’est-ce que tu fais là ?
- Hello Benjamin. Je sors du boulot plus tôt, faut que j’aille chercher ma fille.
- Où est-ce qu’elle est ?
- Elle sort du cheval, à Ecole Militaire.
- Ah, ben on va prendre la même ligne !

Les deux compagnons s’engouffraient dans les entrailles de verres du métro parisien. Benjamin ne prenait pas souvent le métro, et ça se voyait. Il était tout émerveillé par les grands travaux que Loana, à l’époque où elle était ministre des transports avait fait sous la présidence de Steevy, dans les années 30… 2034 si sa mémoire était exacte.

Ils arrivèrent aux barrière électriques, et Jean sortit sa carte de transport, toute brillante, avec un énorme A argenté dessus. Le sang de Benjamin afflua vers son visage, et il ne put s’empêcher de passer la main sur sa ceinture, tout en ralentissant le pas, pour laisser passer Jean devant. Il sortit sa carte de transport, une carte brune, avec un D rouge dessus. Il attendit que Jean ait franchis la barrière posa avec précipitation sa carte sur le lecteur et passa les barrières.

Malheureusement pour lui, Jean se retourna à cet instant précis, et apperçut sur le lecteur le D rouge au milieu de sa carte, et afficha un rictus amusé, qui cingla Benjamin avec la sévérité d’un martinet.

Benjamin se sentit obligé de se justifier :
- J’étais C il n’y a pas si longtemps, mais, avec les fêtes, j’ai un peu pris, ils m’ont passé D.
- Mais ça doit te coûter une fortune !
- 150€ par mois… Toi tu payes combien ?

Benjamin renvoyait la question, mais la vérité, c’est qu’il n’avait pas envie d’entendre la réponse. Il tenta de prendre un air dégagé.

- Oh, ben 20€ par mois. Rien que pour ça, ça vaut le coup d’être mince !

Benjamin lutta contre le sentiment d’humiliation qui montait, alors qu’ils arrivaient sur le quai. Fort heureusement, les catégories n’étaient pas encore mélangées, mais un projet de la RATP était en cours : des rames de métro réservées aux catégories dont l’aménagement correspondrait à la morphologie des usagers.

Le constat était simple : là où on pouvait entasser un petit gros dans une rame, on pouvait y mettre 3, voir 4 grands maigres. De plus, les grands pouvaient attraper des points d’appuis pour assurer leur stabilité en hauteur, ce qui économisait beaucoup d’espace, et permettait de mettre encore plus de gens dans la rame. Il n’y avait donc pas de raison que les grands maigres payent autant que les boudinés, ils bénéficiaient donc de tarifs avantageux.

Science fiction ?

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